J’ai l’impression que ces derniers mois, une terrible épidémie a frappé la France, et s’étend jusqu’à ses voisins européens. Je ne parle pas du syndrome de droitisation aigüe, ni de ce drôle de trouble qui empêche nos dirigeants de prononcer le mot génocide en le remplaçant par les mots “frappe israéliennes”. Ces maladies aussi méritent d’être étudiées, et de près, mais dépassent largement mon champ de compétence. Ce dont je souhaite vous parler, c’est la sportite envahissante (elle est surtout envahissante quand il s’agit des personnes qui pratiquent le running, mais on y reviendra). Sans déconner, tout le monde (y compris moi) a (re)démarré ou intensifié une activité sportive ces 12 derniers mois ou je rêve ? Par ailleurs, une chose me frappe : je vois, sur les réseaux ou dans la vraie vie, des personnes qui ont apparemment toujours détesté l’activité physique et sont traumatisées de leurs cours d’EPS découvrir qu’en fait, bouger son boule, c’est cool. Moi qui suis pathologiquement flemmarde mais qui ai essayé de nombreux sports et pour qui, au collège et au lycée, les cours de sport étaient les seuls qui valaient la peine de se lever le matin, je me suis sentie investie d’une mission afin d’aider ces personnes à se mettre au sport, et surtout à le faire durablement. J’ai décidé, pour une fois, de faire preuve d’ambition et de devenir le messie de l’activité physique, rien de moins. Car faire du sport, oui ! Mais pas n’importe quoi et pas n’importe comment. J’ai donc l’intention, bien que vous n’ayez rien demandé, de vous guider dans votre parcours sportif (on est toustes le mec toxique de quelqu’un).
Mais pourquoi est-ce que je me permets de vous donner des conseils ? Déjà, parce qu’un de mes rêves dans la vie est de devenir coach de vie, alors je m’entraîne gratuitement sur vous. Ensuite, j’ai une petite expérience amateur dans le domaine du sport. Enfin, puisque les mecs blancs cishet n’hésitent pas à donner leur avis sans qu’on le leur demande, pourquoi me priver ? J’arrêterai quand ils arrêteront.
Ne vous méprenez pas, on n’est pas chez Juju Fitcats ici, déjà parce que je ne sors pas avec un facho, mais surtout parce que mon unique but est de vous encourager à faire du sport quand vous voulez, comme vous voulez, et uniquement si vous le voulez. Aucun risque que je vous incite à sortir de votre zone de confort ou à devenir une meilleure version de vous-même, on est dans un espace safe ici (sauf si vous faites de la course à pied, dans ce cas il est possible que j’aie une dent contre vous pour une raison inconnue de toustes, mais j’en parlerai à ma psy quand j’aurai fini avec les dossiers en cours).
Cette Actualettre germe depuis longtemps dans mon cerveau, une grande partie a d’ailleurs été élaborée pendant mes séances de sport. Elle est née de plusieurs questions, qui me tracassent régulièrement : pourquoi autant de monde a été traumatisé par ses cours d’EPS alors que c’étaient les seuls qui ne me donnaient pas envie d’être déscolarisée ? est-ce que faire du sport c’est grossophobe ? est-ce que le sport c’est capitaliste ? comment faire du sport sans renier ses valeurs de gauche ? est-ce seulement possible ? est-ce qu’on peut apprécier de pratiquer une activité physique à l'âge adulte si l’on a toujours détesté ça ? est-ce que les gens qui courent aiment vraiment ça ou est-ce qu’ielles font seulement semblant pour faire les malin·es ? pourquoi les gens qui s’aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ? est-ce qu’il vaut mieux faire du sport bullshit comme du pilates reformer ou pas de sport ? est-ce qu’on peut faire du sport quand on est pauvre ? est-ce que l’activité physique, sans même parler de sports de riches comme l’équitation ou le tennis, est classiste ? quel est le meilleur sport à pratiquer si l’on est de gauche ?
Ma préoccupation principale c’est que j’ai peur que l’activité physique, à l’image de notre société, ne soit de plus en plus de droite : les courses payantes qui font du green washing (si vous ne savez pas de quoi je parle, vous pouvez par exemple aller voir du côté du Marathon vert de Rennes), les sports absurdes comme l’indoor cycling (alors que les sports absurdes de type Cheval-bâton c’est un grand oui) ou la popularité de Tibo in Shape sont à mon sens de bons exemples de cette droitisation. Heureusement, je pense que bouger et conserver ses valeurs de gauche n’est pas incompatible. Ensemble, nous pouvons résister aux mecs aux biceps sur-développés et aux meufs qui clament “5 minutes de plaisir, 10 ans dans les hanches” lorsqu’un gâteau les approche à moins de deux mètres. Oui, un monde dans lequel on pratique une activité physique pour le plaisir et sans se ruiner peut exister ! Oui, nous pouvons remuer ensemble nos corps sans nous soucier de leur taille et de leur forme ! Oui, il est possible de décorréler notre pratique du sort de la notion de performance. Votez Lecul !

Je vais quand même vous dire d’où je sors avec mon costume de papier et quelle est ma supposée légitimité pour vous donner des conseils. Figurez-vous que malgré ma paresse légendaire et mon amour pour la position couchée, j’ai fait du sport quasiment toute ma vie, à plus ou moins haut niveau. J’ai participé aux Championnats de France d’équitation par exemple (car comme me l’avait dit un jour une psychologue du travail : je suis née le cul dans le beurre). J’ai aussi fait plusieurs années de volley même si j’étais nulle, parce que je rigolais trop avec mes copines. Au collège et au lycée je suis allée à l’UNSS le mercredi après-midi et j’y ai fait du foot, de l’athlétisme, et même du hand alors que je déteste ça. Je me suis prise de passion pour la lutte au lycée, j'ai dégommé toute ma classe alors que j'étais la plus petite mais je n’ai pas trouvé de club, j’ai fait de la boxe cardio parce que mon médecin m’a interdit la vraie boxe. J’avais des cours de danse tout au long de mes 5 ans d’études, notamment en Erasmus où j’en faisais 10 heures par semaine. J’ai aussi tenté le yoga pour m'assouplir et me détendre (aucun de ces objectifs ne fut atteint mais j’aimais bien). Je ne fais donc vraiment pas partie des traumatisées des cours d’EPS, c’étaient mes moments préférés de la semaine, une vraie respiration entre les cours ennuyeux où on ne pouvait pas bouger, et les seuls qui me donnaient une raison de me rendre dans un établissement scolaire (j’étais souvent absente au collège et au lycée, mais jamais les jours où j’avais EPS). Depuis plusieurs mois, je pratique moi-même une activité physique plusieurs fois par semaine car c’est l’une des seules choses qui calme mon anxiété (avec la thérapie, les anxios et les antidépresseurs, ce sont un peu les Trois Mousquetaires de la santé mentale).
Cette Actualettre sera découpée en plusieurs épisodes car j'ai beaucoup de choses à dire, pour autant je ne prétends pas répondre de manière exhaustive aux questions posées plus haut. Je ne suis ni journaliste, ni sociologue, et encore moins coach sportive. Je me contente d'observer la société avec mon regard myope et astigmate et néanmoins affûté, puis à donner mon avis, souvent avec mauvaise foi. Attachez donc vos ceintures, je vous embarque avec moi pour un voyage en plusieurs épisodes. Nous attaquerons la semaine prochaine avec un premier conseil plein de bon sens : définissez pourquoi vous voulez faire du sport.
Mais du coup j’ai presque envie d’arrêter de courir pour pas que tu me haïsse. Alors que j’aime vraiment courir (je comprends toujours pas pourquoi note bien). Tu veux bien pas me détester dis ? Sinon je me met au curling si tu préfères ? 🥌
Coucou, merci pour cette actulettre ! Le sport et moi on a jamais été trop copains. Dans mon enfance adolescence, je faisais du sport à l'école, mais rien de plus. Les activités sportives extra scolaire c'était pas vraiment une question car ma mère devait m'emmener faire des matchs le weekend donc c'était non. Plus grande j'ai fait de la gym tonique avec ma mère pour bouger et dire que je fais un truc. Puis j'ai découvert le rugby, d'abord touché puis plaqué et j'ai adoré ! J'en ai fait pendant 7 ans et je pense que ça a débloqué mon envie de sport. Puis là j'ai commencé cette année le volley et j'ai bien aimé ! Mais je pense que mon rapport au sport dépend de comment je m'amuse avec les gens !