Je fais du sport avec Lecul
Choisir son sport comme on choisit un melon sur l'étal du marché
Avertissement : cette Actualettre sur le sport est écrite à partir de mon expérience et mon point de vue. Elle n’est donc pas universelle, puisque je suis privilégiée, et selon certaines personnes qui me côtoient (et qui, je pense, se trompent), de mauvaise foi. Je suis blanche, et bien que je ne sois pas riche, ma famille a soutenu financièrement mes projets sportifs. Bien que connaissant des fluctuations de poids et de physique, mon poids n’a jamais été un obstacle à ma pratique du sport (sauf au yoga, que j’ai pratiqué à une période où j’étais plus fournie en plein d’endroits, et où entre mon ventre, ma poitrine et mon menton, j’avais du mal à respirer quand je mettais mes pieds derrière ma tête. Plus d’une fois j’ai vu ma vie défiler devant mes yeux). J’ai quelques problèmes articulaires : pieds plats qui font des entorses aux chevilles, syndrome rotulien et maladie génétique mystérieuse qui fait que j’ai le cubitus plus court que la normale. Ça peut me causer des douleurs mais rien de grave, c’est juste que je suis née à 8 mois donc mes finitions ne sont pas terribles.
Tout ça pour vous dire que je n’ai connu aucun obstacle majeur à la pratique d’aucun sport. J’en ai conscience, et je vais essayer dans mon Actualettre d’inclure le plus grand nombre de personnes possibles (sauf les hommes cis hétéros, bien sûr, on n’est pas des bêtes).
Conseil n°1 : Décidez pourquoi vous voulez faire du sport
(Ce titre a failli contenir le groupe de mots “se fixer des objectifs” mais j’ai eu un haut-le-coeur et je n’ai pas pu terminer)
Je vous l’ai dit, j’ai vécu peu de périodes sans faire de sport. J’en ai fait pour des raisons diverses et variées. Au cours du temps j’ai ainsi obtenu une ceinture jaune de judo, 6 galops d’équitation, de multiples blessures sur l’ensemble de mes articulations y compris le cou, et surtout une haine tenace de la course à pied. J’ai toujours choisi certains sports pour des raisons précises. Ainsi, j’ai fait un an de judo parce que je voulais tabasser mes camarades en toute légalité, mais j’ai vite arrêté car ce n’était pas assez violent à mon goût. Je me suis mise à la danse classique parce que je trouvais mes copines trop belles à leur spectacle de fin d’année. Résultat, on m’a mise avec les petites parce que je débutais, et alors que mes copines faisaient Carmen avec des chignons, du rouge et des éventails, j’étais déguisée en clown avec un costume en synthétique affreux (et je suis encore hantée, 30 ans plus tard, par la choré “talon, pointe, collé-serré, collé-serré…).
Le sport que j’ai pratiqué le plus longtemps, c’est l’équitation, parce que j’aimais les poneys et que ma mère et ma grand-mère ont accepté de soutenir mon train de vie décadent. Puis est venu le lycée, et le volley, avec lequel je n’avais aucune affinité (je n’aimais pas le volley, et le volley ne m’aimait pas). Je suis probablement la pire joueuse que l’ASPTT de Pau ait jamais connue, mais c’était le sport que pratiquaient mes copines les plus drôles, donc j’étais prête à m’y mettre pour passer du temps avec elle. Et j’en garde un excellent souvenir, je crois que j’ai rarement autant ri qu’avec ces filles-là. Fin collège, début lycée, c’est aussi la période où j’allais régulièrement à l’UNSS. J’ai commencé parce que j’avais un super prof d’EPS, très drôle lui aussi, qui faisait les entraînements du mercredi, et puis j’ai continué parce que je trouvais ça marrant d’essayer plein de sports. Au collège je faisais aussi les tournois interclasses organisés en fin d’année entre midi et deux, quel que soit le sport : basket, hand, foot… ça justifiait les retards au premier cours de l’après-midi, c’était toujours ça de gagné.
Pendant ma vie d’adulte j’ai beaucoup réduit mais j’ai fait du yoga pendant 5 ans car je voulais devenir plus souple (je ne dirais pas que c’est un échec mais ça n’a pas fonctionné), et de la cardio boxe pendant plusieurs année aussi, car je porte toujours en moi une certaine violence, et que mon médecin n’a pas voulu me faire de certificat médical pour de la vraie boxe sous prétexte que je suis migraineuse (j’ai pleuré en sortant de son cabinet). Pendant les différents confinements, j’ai fait du sport sur Youtube, parce qu’en ne faisant plus de vélo pour aller au travail j’avais peur de ne plus avoir faim ni sommeil. J’ai repris il y a plus d’un an, parce que j’étais en arrêt pour burn out et que c’était la seule chose qui me permettait de canaliser mon anxiété. J’ai d’ailleurs une théorie sur mon anxiété : je crois que j’en ai toujours souffert, mais la seule raison pour laquelle je ne me suis pas aperçue plus tôt qu’elle était handicapante c’est uniquement à cause de la quantité de sport que je faisais et qui l’empêchait de s’exprimer (et tant mieux). A l’heure qu’il est mon anxiété est stabilisée (la plupart du temps), et si j’accepte d’arrêter les antidépresseurs je crois que je ne suis pour l’instant plus capable de ne pas faire de sport. Je me suis aussi remise au sport parce que j’avais peur de perdre toutes les capacités pulmonaires et cardiaques que j’avais acquises en me rendant au travail en vélo chaque jour. En effet, mon travail se trouvait en haut d’une colline, ce qui fait que j’arrivais chaque matin échevelée, rouge et transpirante, mais avec un cœur dans une forme olympique. Et je pense qu’à l’échelle d’une vie, c’est plus bénéfique qu’un ventre plat.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Déjà parce que j’adore raconter ma vie, (je n’ai aucun mérite, je suis une millenial et raconter notre vie sur internet nous est aussi essentiel qu’un substrat sableux l’est aux succulentes que nous avons bouturées en quantité entre 2011 et 2016). Ensuite, je pense que l’une des raisons pour lesquelles j’aime le sport, c’est, au-delà du fait que je n’aie jamais eu de prof d’EPS pervers, parce que j’en ai toujours fait pour des raisons ludiques ou thérapeutiques, et non pas pour perdre du poids ou gagner du muscle. Or, si l’on trouve le sport qui nous convient, on peut s’amuser dès la première séance, alors que les changements physiques peuvent mettre très longtemps à arriver, voire ne jamais se voir.
Il est aussi important de distinguer le sport de l’activité physique. Vous pratiquez sans doute de nombreuses activités physiques quotidiennes sans vous en rendre compte. Il paraît par exemple que passer l’aspirateur ou la serpillère peut s’apparenter à une séance de sport (je ne saurais pas vous dire, ça fait des années que je ne sais plus où sont rangés ces objets chez moi). Faire ses courses, aller au travail à pied ou en vélo, monter des blancs en neige à la main… pour moi, tout ça ça compte comme du sport. J’ai bien conscience que ça peut ne pas être aussi épanouissant que de sortir de chez vous pour passer un moment à bouger sans que personne ne vous dérange, mais si vous n’aimez pas le sport, et que vous culpabilisez parce que vous n’avez aucune envie de vous y mettre, pensez à toustes ces petites choses que vous faites. Bout à bout, ça peut faire beaucoup. Je suis abasourdie face aux gens (et là je parle de personnes complètement valides et en bonne santé) qui font tout en voiture, restent assis à un bureau toute la journée, et n’utilisent leur corps qu’à la salle de sport (salle de sport où ils se rendent en voiture, car c’est bien pratique de pouvoir se garer devant). Il me semble que c’est une dérive du capitalisme : on pratique le sport à outrance, en dépensant parfois beaucoup d’argent, pour compenser notre vie quotidienne entièrement sédentaire. On ne marcherait pas un peu sur la tête par hasard ? Pourtant on ne vit pas en Australie il me semble. De la même manière, ne me lancez pas sur la domotique (je me charge de me lancer moi-même) : si l’on excepte des personnes âgées ou handicapées, qui ne peuvent pas ou plus accomplir certains gestes, et pour qui c’est très utile, je pense que ça devrait être interdit (je vous avais dit qu’il ne fallait pas me lancer). Vous pouvez pas fermer vos volets tout seuls sérieux ? C’est trop dur de tourner une manivelle ? Ou au moins de lever ton cul pour aller appuyer sur les boutons des volets ? Je sais que tout le monde n’a pas le choix, on arrive parfois dans des logements équipés et on ne peut pas changer, mais alors les personnes qui font le choix d’installer de la domotique chez eux et qui pire, s’en réjouissent, j’ai envie d’en faire des saucisses.
Bref, tout ça pour dire que pour faire du sport et tenir, je pense qu’il est important de se demander ce dont on a envie ou besoin : devenir plus souple pour pouvoir des bisous à ses genoux (c’était mon objectif il y a un an mais je vois cette possibilité s’éloigner chaque jour), passer du temps avec des amies, se défouler pour ne pas coller des pains aux gens (aux fans de domotique par exemple), partir de chez soi quelques heures… ? Y réfléchir vous permettra de trouver l’activité sportive qui vous convient.
Conseil n°2 : Trouvez le bon sport
La vie est trop courte pour s’épiler la chatte, dit-on parfois (désolée pour toutes les personnes qui me lisent et n’ont pas de chatte). Et bien je pense que la vie est aussi trop courte pour pratiquer un sport que l’on n’aime pas, uniquement parce qu’une influenceuse vous a dit que ça faisait de belles fesses. On doit déjà supporter suffisamment de trucs chiants dans la vie : le travail, l’hétérosexualité, Bruno Retailleau… il est inutile d’en rajouter avec une activité qui est quand même censée nous faire du bien (même si cette notion aussi est biaisée dans notre société capitaliste : qu’est-ce que ça veut dire “faire du bien” ?(je vous laisse y réfléchir, j’ai posé la question mais j’ai la flemme d’y répondre)).Quand on fait du sport on entend souvent : “c’est normal que vous n’ayez pas envie de vous y mettre, mais pensez à quel point vous vous sentirez bien lorsque la séance sera terminée”. Je vous le dis tout de go : pas de ça chez Lecul. Chez Lecul on trouve du plaisir aussi pendant la séance de sport. Et pas parce qu’on souffre et qu’on aime la souffrance ; pour ça il existe des pratiques sexuelles adaptées. Et il ne faut pas que la seule raison pour laquelle on se sent bien après une séance de sport soit parce qu’on est soulagé qu’elle soit finie. Il n’est pas rare d’en chier pendant une séance de sport, il y a quand même une notion d’effort à prendre en compte, même moi qui déteste me forcer à faire quoi que ce soit que je n’ai pas envie de faire j’en ai conscience.
Il est aussi normal d’avoir des difficultés à accomplir certains mouvements, surtout au début : nous ne sommes pas naturellement doué·es pour l’ensemble des sports, mais ça s’arrange avec la pratique en général. Il y a aussi des choses que l’on est physiquement incapable de faire, soit que l’on souffre d’un handicap, d’une maladie, ou de douleurs passagères. Il est important de rappeler que nous avons toustes des corps différents et contrairement à ce que certain·es coachs veulent vous faire croire, on ne peut pas toustes faire la même chose. Personnellement, je n’ai jamais réussi à faire une roue de ma vie, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Une amie a accepté de m’apprendre cet été, mais la pauvre, je crois que ce serait plus facile d’apprendre à faire la roue à Jolene Polpette Furiosa, ma chatte à trois pattes. Tout ça pour dire que pour pratiquer un activité sportive dans la joie et sur la durée, il faut avoir envie de s’y mettre avant, s’amuser pendant, et se sentir bien physiquement et psychologiquement après, même si tout ce bien-être est de courte durée. Surtout, il ne faut pas faire du sport pour ne pas culpabiliser de ne pas en faire. C’est le meilleur moyen de ne pas tenir dans la durée. Mais pour savoir ce qui nous plaît, il faut tester, plusieurs fois si nécessaire, et ne rien s’interdire. Pour ma part, j’ai plusieurs fois essayé de me mettre à la course à pied, vous savez ce sport que l’on appelle désormais running, sans succès : je déteste courir, je m’ennuie comme un rat mort, j’ai mal aux jambes, j’ai envie de me jeter sous une voiture au bout de 5 minutes… je n’en tire aucun plaisir. Pourtant tous les 5 ans environ j’ai envie de me mettre à courir (je crois que j’ai appris la leçon, ça fait au moins 10 ans que je n’ai pas essayé de courir). Alors je chausse mes baskets, je démarre, et au bout de 5 minutes je me fais chier. Je continue pour vérifier que j’ai horreur de ça (il m’est déjà arrivé de courir 1h30 comme ça), je m’arrête et je me dis “Plus jamais !”. Je n’ai jamais trouvé mon second souffle (à mon avis c’est comme le point G, ça n’existe pas vraiment et ça a été inventé pour faire douter d’elles les personnes qui ne trouvent pas le leur) et je ne comprends pas l’intérêt de courir si ce n’est dans le cadre d’un échauffement, ou s’il faut échapper à un prédateur, un émeu par exemple (cet exemple est tiré d’une histoire vraie). Je vois beaucoup de personnes qui se mettent au running, qui galèrent et qui disent “Au bout de deux mois je commence enfin à trouver du plaisir”. Vous pourrez dire que je suis peu persévérante, je suis d’accord avec vous, mais il faut que j’aie du plaisir dès la première séance d’un nouveau sport. La vie est courte, je n’ai pas le temps de passer 2 mois à avoir envie d’en finir avec elle parce que je fais une activité physique qui ne me convient pas.
“Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie.” a paraît-il dit Confucius, qui était l’ancêtre des coachs en développement personnel. On est là pour parler des sport donc je ne dirai pas tout le mal que je pense de cet aphorisme, mais disons que c’est pareil pour le sport. “Dis-moi comment trouver le sport que j’aime Lecul, toi qui es si sage et pleine de bon sens”, me suppliez-vous (rohlàlà vous me faites rougir). C’est bien simple, pour trouver le sport qui vous convient, reportez-vous au premier conseil et définissez vos objectis (voilà, ça y est, je l’ai dit, je me sens sale comme si j’avais créé une start up). Ensuite, il faut essayer plein de choses. Le sport c’est comme le psy, et on ne trouve pas forcément le bon du premier coup, mais il est essentiel de bien choisir pour que ça aide vraiment à vivre mieux. Pour ma part, je fais actuellement deux types d’activités physiques : des workouts de danse parce que ça me fait beaucoup rire, que je peux faire du drama à gogo et que ça m’aide vraiment pour la coordination. Du pilates parce qu’il y a beaucoup de choses à penser : faire les mouvements correctement, se tenir bien, respirer comme il faut… ce qui m’aide à me concentrer sur autre chose que tout ce qui tourne dans ma tête, au moins pendant 30 minutes. Et de la barre au sol (qui se pratique sans barre, ne me demandez pas pourquoi, c’est un genre d’entraînement cardio et musculaire pour les danseur·euses) parce que j’aime bien, ça me rappelle mon année à Prague où chaque jour commençait par ce type de cours, et parce que ça sollicite tous mes muscles, même ceux dont je ne soupçonnais pas l’existence. J’alterne les trois, et c’est pour l’instant assez varié pour que j’aie envie de continuer. Alors certes, je n’ai pas un plan sur 6 semaines pour perdre du ventre et prendre des fesses tout en dessinant mes épaules, mais je suis sûre que tant que je m’amuse et que je ne me blesse pas c’est bon pour moi. Pour prendre du plaisir il faut aussi être indulgent·e avec soi-même, sans toutefois tomber dans l’autosatisfaction crasse, parce que ça c’est carrément patriarcal et de droite (ceci est une attaque non dissimulée contre tous les mecs qui se vautrent dans le contentement de soi, en particulier Emmanuel Macron).
Bref, explorez, essayez plein de trucs, n’hésitez pas à changer et à faire les choses à votre façon.
Et pour conclure ces deux conseils : il faut que votre vie en faisant du sport soit plus agréable à vivre que votre vie sans faire de sport, sinon laissez tomber (c’est comme le couple pour moi : l’amour c’est cool, mais si la vie avec votre compagne·gnon n’est pas mieux que sans, larguez-la·). Je finis sur une injonction mais n’ayez pas peur : on parlera des injonctions bientôt.
Merci pour cette saine lecture :) J'adore faire du sport mais souvent je n'ose pas. La peur d'être débutante, de mal faire, d'avoir l'air bête (oui, je sais c'est bête justement), et pas toujours envie de faire seule mais dur de trouver des proches motivés. 6 mois que je veux prendre des cours de natation et je viens de contacter un maitre nageur, coïncidence avec la lecture de ta newsletter ? Peut-être pas.
(et moi aussi je m'emmerde en course à pied).
Hâte de lire la prochaine !
Bah merci d'être absolument hilarante, je ne vois pas de meilleure manière de commencer son dimanche. Je suis aussi dans la tcheam Pilates et danse, que ce soit chez moi ou à la zumba et ça me procure beaucoup de joie. Mais je sais que je ne le fais pas forcément pour les bonnes raisons, c'est plutôt là dessus que j'ai envie de bosser. D'essayer d'apprendre à voir le sport comme un truc cool qui me fait du bien sur le moment (la zumba ça va) plutôt que comme un truc qui va me permettre d'avoir un boule qui chamboule.